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Fiches de lectures et chroniques azimutées...des histoires de livres !

Par les routes - Sylvain Prudhomme

« Il y a une vérité qui limite l’homme
une vérité qui l’empêche d’aller plus loin

Le monde change
le monde sait qu’il change
Lourde est la tristesse du jour
les vieux ont l’apparence du destin
les jeunes prennent leur apparence pour le destin
c’est la vérité
mais ce n’est pas toute la vérité » […]

Gregory Corso

 

 

J’aurais pu céder à la faciliter, me contenter d’un « On the road again », paraphraser De Palmas, pourquoi pas…Sur la route, toute la sainte journée…

Et j’ai vu le doute en moi s’immiscer…

Parler de voyage(s) initiatiques(s), m’appesantir sur le paysage qui défile, les yeux qui toujours tentent de suivre le trajet et ce mouvement des pupilles, comme animées par un imperceptible stromboscope, laissant le détail s’échapper pour se concentrer sur un nouveau…

« Par les routes », roman d’une nouvelle beat generation ?

Sûrement.

Parce que si les rencontres de l’auto-stoppeur, polaroïds figés sans souci de mise en scène racontent une histoire, le beat, le rythme, pourtant, est imprimé par Sacha, Sal Paradise désabusé, nouveau sédentaire auquel l’auto-stoppeur, sorte de Dean Moriarty, aux addictions moins destructrices que celui de Kerouac (quoique), donne un nouveau souffle.

« Par les routes » serait le roman d’une écriture spontanée, de l’instant, mais qui prendrait le temps que nous n’avons plus. Celui de regarder les champs se couvrir de givre derrière la barrière de sécurité ou de voir pousser derrière la baie vitrée les fleurs d’un jardin.

Nouveaux hipsters ?

Pourquoi pas !

Et ce ne sont plus les notes acidulées ou sirupeuses de ceux qui ont chanté « la route » qui résonnent, mais plus celles de Cocoon dont les accords accompagnent la lecture du livre de Sylvain Prudhomme…Tempo de la bande d’arrêt d’urgence sur le bas-côté, moments suspendus à la patère d’un « Famous blue raincoat », solos de la création qu’accompagnent la guitare acoustique de Ray Lamontagne ou la voix d’Angus Stone.

Parce que « Par les routes », c'est une mélodie.

Douce, amère, vraie.

Une histoire pleine d’histoires.

Des fragments, une playlist.

Qui dirait le monde depuis le siège passager. Qui raconterait notre décennie par le prisme de celui qui sait voir. Sylvain Prudhomme pose les mots comme d’autres inscrivent les notes sur une partition en devenir.

« Par les routes », le tapuscrit, « the original scroll » d’une errance sans autre prétention que de tirer le fil … de dérouler la pelote de la complexité des hommes.

N’offrant que les réponses que le lecteur voudra bien trouver.

Pas donneur de leçons, pas didactique.

Lisez et prenez.

C'est le monde dans le rétroviseur de l’auto-stoppé, la vie sans fards de ceux qui sont encore capables de discerner dans la buée du pare-brise les dernières parcelles d’existence véritable, pour ce qu’elle est.

L’auto-stoppeur, Sacha, Marie et les autres, figurent les témoins magnifiques d’une poésie encore possible à laquelle Sylvain Prudhomme prête si parfaitement sa voix.

Alors, oui : Go !

On the road, sur la route, sur les chemins, à bicyclette, pourquoi pas…

Quand on partait par les chemins…

Pourvu que sur le trajet, au moment de choisir, ce soit ce pouce levé, ce bras tendu, ce morceau de carton gondolé par la pluie, qui nous indique la voie…

« Par les routes », notes d’un voyage, consignées par Sacha, pour le compte de l’auto-stoppeur, de Marie qui l’attend, d’Agustin qui l’espère…et du lecteur qui l’accompagne.

Jusqu’à la dernière ligne.

 

« Home again

Home again

One day I know

I'll feel home again

Born again

Born again

One day I know

I'll feel strong again » […]

 

Michael Kiwanuka – home again

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