Pourquoi les hommes fuient - Erwan Lahrer

Rock’N’Roll Attitude…

Il aura fallu que je lise « Par les routes » de Sylvain Prudhomme pour trouver la voix…

Parce qu’il s’agit ici aussi de chemins, de routes, de voyages, intérieurs ou bitumés…Peu importe.

De ceux que les hommes empruntent…et qu’ils quittent.

De ces routes qui mènent toujours à Rome, ou nulle part.

De villes surpeuplées et de campagnes qu’on déserte.

De gens qu’on retrouve, d’autres qu’on quitte…

Voie sans issue ?

Dérobade ?

Echappatoire ?

Et en suspens : pourquoi ?

Oui, c'est vrai, pourquoi certains restent, d’autres continuent…Et pourquoi les hommes fuient ?

Je ne suis pas certaine que la réponse se trouve dans le roman d’Erwan. Ni même que la question ait une si grande importance.

L’importante, c'est Jane.

Elle les connaît bien les hommes. Elle les devine avant même qu’ils ouvrent la bouche. Prédateurs souvent, ridicules dans leurs maladresses, touchants d’innocence quand la vie ne les a pas encore conditionnés.

Le seul qu’elle ne connaisse pas, c'est son père.

Vingt ans d’existence avec l’ombre du paternel.

Alors les hommes, surtout ceux qui se la racontent, écrivain en mal (mâle ?) de reconnaissance ou perte de virilité, chanteur de rock noyé dans le streaming, amant d’un soir, elle les « swipe ».

Au suivant. Black-listé le re-lou.  Le prince charmant ? Connaît pas. Pas de like sur Insta, il disparaît direct.

Zappé. Aussi simple que ça.

Comme ce père dont l’ombre finit par prendre un peu de matière et réapparait d’un coup dans sa story….

Et si ….c’était ce rockeur dont la trace se perd là où aucun réseau ne passe.

Et si, finalement, de toutes les notifications, de tous les tags, celui-là, ce « vous avez identifié » avait une existence extra-numérique?

Pourquoi les hommes fuient ?

Pourquoi les pères s’évaporent ?

C'est la quête de Jane, pardon « Djen ».

Jane/Djen…Vingt ans et une conscience du monde à peine faussée par les réseaux, pas vraiment sociaux.

Jane…fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve…

Jane…à qui un père, fantasmé ou pas, rockeur disparu sans laisser d’adresse, ermite aperçu au beau milieu d’une zone blanche, aurait peut-être confisqué son portable…

Alors, pourquoi les hommes fuient ?

Erwan Lahrer joue des codes, et des coudes. Sa Jane trouvera-t-elle une réponse ?

Celle que lui, l’auteur, nous offre, c'est un portrait 2.0, un selfie sans filtre, de qui nous sommes en 2019, à vingt ans….et un peu plus.

Alors, par les routes…dans le sillage de Jane, dans sa quête

« Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part » […]

Que le ciel azuré vire au mauve…pourvu que reste l’attitude…Et ça, Erwan, il l’a !