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Fiches de lectures et chroniques azimutées...des histoires de livres !

Ca raconte Sarah - Pauline Delabroy-Allard

Impromptu pour Sarah…Fantaisie en S. Majeur…Con fuoco

 

«Ca raconte Sarah » …ce serait un peu comme « l’âme », cette petite pièce de bois qui transmet les vibrations produites par l’archet sur la caisse de résonance du violon…

Corde sensible, corde frottée…

Dans ce texte, psalmodié, hurlé, chuchoté, feulé, sorte de prosodie pour cordes et âme, Pauline Delabroy-Allard compose des Lieder et les mots figurent les notes d’une partition pour premier violon.

Ave Sarah, je vous salue Sarah…

Allegretto, Sarah entre comme par effraction dans la vie de la narratrice et bouleverse le motif mélodique de son quotidien. Con Moto

Sarah improvise : sonata da camara, où les corps s’incendient et se consument, les lèvres scellent les octaves d’une fugue à deux voix qu’aucun chef d’orchestre ne saurait diriger, la passion pour seul coda et la chair enfin brûlante.

Sarah joue et son amante vacille…et que palpitent alors les pizzicati effervescents d’un amour exalté,  symphonie intime et sensuelle, bouleversant le tempo de la fade routine de l’auteure.

Sarah s’enflamme, l’archet se cambre, virtuose et libre, sul ponticello, sul tastiera, incandescent, son amoureuse s’embrase et la fièvre gagne chaque parcelle de son existence.

Quand le legato s’épuise et s’essouffle, l’alchimie dangereuse au goût de soufre, acide, dissout les repères, Sarah corrode et l’amoureuse décline, le point d’orgue s’abîme dans une douleur impudique, charnelle, viscérale et violente au chevet de laquelle aucun solfège ne se presse.

Salve Regina.

L’amoureuse s’étiole, fuit, divague. L’amoureuse récite son amour, loin de Sarah, le plus loin possible des magnolias qui ceignent son front. Et leur ombre scande les mystères profanes de la dévotion, de l’aliénation magnifique à Sarah.

L’amoureuse sombre et seules les notes de cet amour infini flottent encore dans la torpeur de son désespoir, s’égrènent, adagio funeste sur les cendres du brasier qu’elles ont allumé.

Prière païenne, chant du cygne, requiem, ode…que sais-je ? «Ca raconte Sarah » et je suis convertie.

« Volkslied » moderne, déflagration d’amour romantique et charnel, les mots de Pauline Delabroy-Allard submergent, volent, étourdissent, enivrent… 

« Ca raconte Sarah »…et c'est beau.

AMEN

 

[…] « So let's love fully
And let's love loud
Let's love now
 'Cause soon enough we'll die. »

SOKO – « We might be deadby tomorrow »

Ca raconte Sarah - Pauline Delabroy-Allard
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C
belle ode pour ce livre bouleversant , renversant qui poursuit longtemps . Une bourrasque musicale sur la passion amoureuse si bien contée , jouée ..... Une écriture espoustouflante j'ai adoré merci
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